2. Plus c'est grand...
Enfin, ce fut l'anniversaire des jumeaux.
Ouf ! Je croyais que ce jour n'arriverait jamais. Je pensais que le plus dur était fait.
Eh bien, je pensais mal !
Le mal a commencé le soir même, avec Mélanie qui se baladait quasi à poil devant les invités.
Elle a chauffé à blanc ce pauvre Darren Dourève, lui qui n'arrive pas à se remettre de la mort de sa femme !
Vous avez vu comme il est choqué Julien sur la photo ?
Niveau scolaire, ça commençait à s'arranger un peu pour les jumeaux. 12/13 sur 20, ce n'est pas très glorieux, mais c'est mieux que les 3/6 auxquels ils nous avaient habitués.
C'était encore James qui s'en tirait le mieux avec 16/20. Et en plus il travaillait !
Il avait du mérite mon petit Jamie.
Julien continuait à prendre modèle sur son frère. Ca se ressentait surtout dans sa tenue vestimentaire : la même !
Il s'acharnait sur ses devoirs, il voulait être un petit prodige et obtenir 20/20.
Il aurait pu, dans un autre contexte, il aurait pu...
Mais Sybille...
Sybille c'était sur sa mère qu'elle prenait exemple hélas ! Elle ne pensait qu'à faire la fête et à draguer tout ce qui portait un pantalon.
Pendant ce temps, Mélanie s'occupait de Kevin. Je voyais ça d'un mauvais oeil. Sûr que Brenda n'aurait pas aimé non plus. Mais enfin, Kevin est un grand garçon maintenant, il a son propre appartement, il est capable de se défendre tout seul.
A ce que je crois.
Avec le tintamarre qu'ils faisaient, ils avaient réussi à réveiller Julien. Le seul qui était sagement monté se coucher.
Il n'en revenait pas de voir sa mère dans ses oeuvres.
Sybille, elle, elle trouvait ça cool que sa mère puisse " se taper un jeune " comme je l'ai entendue dire.
Je me demandais jusqu'où Mélanie allait pousser le bouchon, aussi je suis allée direct à mon téléscope.
Mais cette fois, ce n'était pas les étoiles que je regardais, c'était la chambre !
Bien m'en a pris, elle avait fait monter Kevin sous le prétexte de " se relaxer ".
Je t'en ficherai de la relaxation, moi !
J'ai fait ni une ni deux, je suis rentrée dans la chambre et je lui ai crié
-" MELANIE !!! Tu n'as pas honte ?! Et devant tes enfants en plus !
Parce que Sybille et Julien avaient tout de même fini par aller se coucher.
Elle ne s'est pas démontée pour autant
-" Juste un petit bisou, maman, juste un petit bisou ! "
Je bouillais ! Mais si elle espérait faire crac-crac, elle en a été pour ses frais, je suis restée plantée là, comme la tour Effeil, à attendre la fin du petit bisou.
Elle a bien fini par être obligée de dire au-revoir à Kevin.
Et puis ma vie a continué à se compliquer. Julien était comme les fleurs. Au printemps, il s'est mis à bourgeonner.
Il passait son temps à se pommader.
Quand il ne se tartinait pas la truffe de pommade, Julien inventait les pires bêtises avec sa soeur. Comme par exemple, de jongler avec les tasses à café ou avec les bouteilles du frigo.
Qui c'est qui devait ramasser les morceaux ??
Autrement, il glandouillait sur le lit à rêvasser à je ne sais quoi, ni qui, ni qu'est-ce.
Remarquez, pour la glandouille, il avait de qui tenir.
Avec tout ça, les devoirs recommençaient à s'accumuler.
On était retombés à 8/20.
Pour le 20/20, c'était pas demain la veille !
Je recommençais à déprimer, je rentrais du travail de plus en plus fatiguée, de plus en plus usée.
Au boulot, je n'avais jamais réussi à grimper plus haut que standardiste et je menaçais de mourir pendue au téléphone.
Mais quand Mélanie a ramené une baignoire folamour dans le jardin, ça a été le pompon !
On la connaît la réputation de ces baignoires !
Et puis, on a eu la visite de la Sagesse incarnée: le vieux Gothick qui venait sermonner Sybille pour qu'elle fasse ses devoirs. Et accessoirement, nous accuser de l'espionner dans sa baignoire avec notre télescope.
Comme si on n'avait que ça à faire !
Ca, ça l'a tout de même fait se bouger un peu Mélanie. C'était vraiment la honte !
Elle a passé un savon à sa fille dans la salle de bain.
Moi,je n'en pouvais plus !
Tous ces soucis, tous ces tracas, toutes ces histoires, j'en avais ma claque.
Un matin, je suis tombée prostrée dans ma salle de bain et je ne pouvais plus me relever.
Le psy a encore débarqué.
J'étais tellement à la masse que j'ai cru qu'il tombait du ciel.
Cette fois, je ne me prenais plus pour une poule, mais pour l'aînée d'une tribu de singes ! Je faisais plus cot-cot en remuant mes ailes, je sautais partout comme un chimpanzé en couistant.
Même topo que pour la première fois: " grosse dépression... repos... "
Il en a de bonnes le psy, comment il veut que je me repose avec tout ce qu'il y a d'ordre à remettre dans cette famille ?
Je méditais, je réfléchissais...
A force de réfléchir, j'ai fini par trouver la solution.
C'est le journal qui m'a donné la clé. Il y était question de nouveaux logements créés à Montsimpa.
Alors j'ai pris une décision qui allait changer ma vie.
J'ai annoncé ma décision à Mélanie.
- Puisque tu as l'air décidée à rester ici, moi je pars,
Vous croyez qu'elle n'aurait pas pu comprendre que c'était à ELLE de partir ! J'étais tout de même chez moi ! Des nèfles ! Elle m'a répondu avec un geste désinvolte de la main
- Tu veux partir ? Eh bien, pars !
En sortant de sa baignoire de pouffe comme vous avez dû le remarquer.
Julien et Sybille se sont mieux comportés, comme quoi tout espoir n'est peut-être pas perdu pour eux.
- Tu pars grand-mère ? Tu n'étais pas bien avec nous ? m'a demandé Julien.
- C'est pas que j'étais mal, mais je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais bien non plus, que je lui ai répondu.
Ca ne valait pas le coup de rentrer dans les détails.
Il a tenu à m'accompagner jusqu'au taxi que j'avais commandé.
- Tu reviendras nous voir ? On pourra aller te voir ?
J'ai ignoré la première question pour mieux répondre à la seconde
- Tu viens me voir quand tu veux Julien, dès que je serai installée
Mais revenir ici, moi, JAMAIS !
Dans le taxi qui m'emportait, je songeais à Jamie qui n'était même pas venu m'embrasser.
Trop occupé dans la baignoire à mamours !
Je soupirais : " Ah,lala ! " quand la voix du chauffeur me fit sursauter
-" Je vous dépose où ? "
Alors, sans réfléchir j'ai répondu
-" N'importe où, mais loin !"
Loin vers le SUD !