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Les Sims de Fonsine
18 juillet 2009

R3 : Les Grands-pères

Grands1

En parlant de vieux...
Au 500 rue de Riverview, se trouve une maison connue sous le nom de "Maison des grands-pères" depuis que son propriétaire, Bennie Dean, y a fait emménager deux de ses vieux amis célibataires. Ce ne fut pas toujours le cas. Il fut un temps, quand le jardin résonnait des rires du jeune George Dean et que Loonie était encore de ce monde, où on l'appelait "La maison multiporches" en raison... Je ne vais tout de même pas vous faire l'affront de vous l'expliquer.

Grands2

Bennie avait bien cru mourir de chagrin, le jour où sa chère Loonie était partie. Il était resté prostré pendant plusieurs mois, errant sans but dans la maison vide qui lui  semblait démesurément grande avec ses trois chambres. Ses seules sorties le conduisaient invariablement au cimetière, sur la tombe de Loonie, où il espérait puiser le courage de continuer. Deux ans après, il poursuivait toujours ce rituel qui lui était devenu vital. Il avait fait graver une épitaphe "A Loonie, ma tendre épouse. Tu nous manques terriblement" et ne terminait jamais sa visite sans lui promettre de la rejoindre bientôt. 
Mais les choses allaient évoluer d'une manière inattendue.

Grands3

Au retour d'une de ses visites au cimetière, il s'était trouvé nez à nez avec son vieil ami Melvin Staf.
- Alors, vieille branche ? Je te croyais mort ! Ca te tuerait de donner des nouvelles, de temps en temps ?
Moui... ça manquait un peu de tact dans les retrouvailles. Mais qui, à Riverview, ignorait que Melvin était par nature incorrect ? Incorrect et grognon.
Les yeux de Bernie s'étaient remplis de larmes.
- S'il ne tenait qu'à moi... croies-moi il a longtemps que j'aurais supplié la faucheuse de m'emmener pour rejoindre... sa voix se brisa... ma chère Loonie.

Grands4

Melvin n'était pas foncièrement méchant, il s'aperçut qu'il avait blessé son ami.
- Excuse-moi, Bernie. Je pensais pas qu'après deux ans c'était encore si douloureux.
- Deux ans, deux mois, deux jours, ça ne fait aucune différence. Elle me manque, Melvin. Si tu savais comme elle me manque ! La maison est tellement vide depuis qu'elle n'est plus là. Je tourne en rond, je parle aux murs. C'est dur, tu sais, la solitude !
- Tu t'occupes plus de ton jardin ?
- Pff, mon jardin ! Si tu le voyais. Faudrait bien que je m'y remette, mais j'en ai même plus le courage. J'ai même plus le courage de me faire de la cuisine. J'avale des tonnes de soupe en boite, des céréales par poignées, des montagnes de tartines de confiture... tout un tas de cochonneries. Pourtant, tu sais comme j'aimais faire de la bonne cuisine pour Loonie.

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- Quel gachis ! s'écria Melvin. Un fin cordon bleu, comme toi. Allons mon vieux, faut te ressaisir ! Tu peux pas rester comme ça ! Si c'est la solitude qui te pèse, pourquoi tu prends pas un colocataire ?
- Un inconnu ? Dans MA maison ! Pour qu'il me dévalise pendant la nuit ! Tu sais que j'ai toujours eu un sommeil de plomb et ça ne manque pas d'aigrefins qui demanderaient qu'à en profiter.
- Qui te parle d'un inconnu ? J'en connais un -que tu connais bien- en qui tu peux avoir confiance et qui demanderait pas mieux.
- Un que je connais bien... réfléchit... réfléchit... non, je vois pas de qui tu parles
- Je parle de moi, imbécile ! Je viens de prendre ma retraite et tu sais combien je touche de pension ? 120 $ ! Tu pourrais vivre avec ça, toi ? Une fois que j'aurai payé mes impôts, il me restera juste de quoi m'acheter une corde pour me pendre.

Grands6

L'affaire conclue, Bernie commença à retrouver goût à la vie. Melvin n'était pas le dernier à lui donner un coup de main au jardin.
- Ca aurait besoin d'un bon coup de fertilisant, tout ça. Jamais eu de salades aussi rachitiques ! Et du côté des tomates, ça dit quoi ?

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- Côté tomates, ça va. Elles sont d'une grosseur exceptionnelle.
- Ah, tant mieux ! J'avais bien peur de pas réussir à les récupérer. Mais tu sais, Melvin, faut pas te croire obligé de m'aider. Maintenant que j'ai repris le coup, je peux me débrouiller du jardin.
- Qu'est ce qui te fait croire que je me sente obligé ? Tu m'as déjà vu faire quelque chose qui me plaisait pas ? Si je le fais, c'est que je veux bien ! En plus, ça ne peut que m'aider dans ma carrière.
- Ta carrière ? Je croyais que t'étais à la retraite
- Je SUIS, à la retraite ! Mais j'envisage de rempiler. Je voudrais faire ce dont j'ai toujours rêvé : élever des cyborgs
- Tu crains pas de t'y prendre un peu tard ?
- On verra bien ! Qui ne tente rien...

Grands8

- Une bonne chose de faite ! Je crois qu'on n'a pas volé notre repas. Allez, je fais un petit barbecue. Des hotdogs, ça te dit ?
- Ca ou autre chose !
- Quel enthousiasme !
- Ben quoi ? Tu voudrais pas que je saute de joie parce qu'on va manger des saucisses ! Tu m'aurais parlé d'un homard thermidor, encore... T'as pas peur de perdre la main à faire griller tes hotdogs ? Je t'ai connu meilleur cuisinier.
- Je la perds pas, je la retrouve ! Tu sais depuis combien de temps j'ai pas pris un bon repas chaud ?
- Mouais... un bon repas, faut le dire vite !

Grands9

- Si t'arrêtais de râler cinq minutes ? Viens-donc t'asseoir ! Où tu vas avec ton assiette ?
- A l'ombre ! Tu crois quand même pas que je vais m'installer en plein soleil ? C'est des coups à se prendre un coup de chaleur. Et tu sais ce que ça fait un coup de chaleur, à nos âges ? Non, tu le sais pas, sinon tu ferais comme moi : tu prendrais pas de risques.
- Pff, un coup de chaleur ! C'est pas plutôt que t'aurais l'intention de pique-niquer à côté de ton maudit ordinateur ? Tu peux pas t'en passer cinq minutes ? Ca te suffit pas d'y passer tes nuits, faut aussi que tu le couves dans la journée ?
- Quand bien même ! Faut bien se distraire
- Y a la bibliothèque pour se distraire. Les appareils modernes, ça se détraque tout le temps et en plus ça sert à rien.
- Toi, tu ferais la paire avec Florence Hasseck ! Aussi bornés l'un que l'autre par rapport au progrès !
- Ah-mais tout le monde peut pas être un génie, qui plus est de l'informatique, comme toi ! Moi, ça me va très bien de vivre dans le passé.

Grands10

Malgré son sale caractère, Bernie se félicitait d'avoir loué une chambre à Melvin. Finies les longues heures à ressasser ses souvenirs. Melvin lui tenait compagnie et lui avait même permis de renouer avec des activités pour lesquelles, la veille encore, il n'éprouvait plus aucun intérêt. Comme par exemple : la pêche.
Ils avaient à présent "leur coin" à proximité du cimetière, et sitôt la visite à Loonie terminée, ils dépliaient leurs cannes et faisaient des concours à celui qui attraperait le plus gros poisson. C'est au cours d'une de ces parties de pêche mémorables, que Melvin lui fit une autre proposition.
- Dis-donc, Bernie. Qu'est ce que tu dirais d'avoir un nouveau colocataire ?
- Aaaah-ça ! J'en sais trop rien. Pourquoi ? Tu t'ennuies déjà avec moi ? Je sais bien que je suis pas toujours marrant. Mais faut me comprendre. Y a quand même pas si longtemps que je suis veuf. Faut me laisser le temps de faire mon deuil.
- Ca n'a rien à voir avec toi, bougre d'âne ! Ce serait plus pour gonfler un peu nos rentrées et ça rendrait service à Henry, par la même occasion.

Grands11

- Henry ? Tu veux pas dire... tu me parles pas quand même pas d'Henry McGlum ?
- Tu connais un autre Henry, toi ?
- Ben-non, justement ! Henry McGlum ! Mais il a tout du vieux gars !
- Alors là, si tu cherchais à me vexer, t'as gagné !
- Je parle pas pour toi, Melvin. Toi, t'aurais pu te marier si t'avais pas été si grognon. T'as fait fuir toutes tes prétendantes, avec ton sale caractère. Mais Henry... Henry il a choisi de vivre seul, c'est pas pareil ! Il aurait convenu ermite au fond des bois ! Il pourra jamais s'entendre avec personne. Enfin, je vois pas pourquoi je m'en fais, il acceptera jamais.
- Il a accepté !
- Tu dis ? Tu lui en as déjà parlé sans attendre que je donne mon accord ? Alors là, Melvin, t'as poussé le bouchon un peu loin. C'est plus de l'incorrection, c'est carrément du sans-gêne !
- M'enfin, Bernie, je pouvais pas deviner que tu te ferais tirer l'oreille ! Je croyais que t'étais ami avec Henry ? Henry est soigneux, perfectionniste, économe. En plus, il est pas encombrant, il passe tout son temps le nez dans un livre ou fourré à la bibliothèque. Je vois vraiment pas où est le problème.

Grands12

Le problème ? Il était bien là, le problème ! Un bonnet nuit pareil, fallait déjà se lever tôt pour le trouver. C'est pas qu'il n'avait pas hésité quand Melvin lui avait proposé la chose.
- Bernie file un mauvais coton, il se remet pas de la mort de sa femme. Je fais ce que je peux pour lui changer les idées, mais je peux pas être toujours derrière lui. Pourquoi tu viendrais pas vivre avec nous ?
- Mmmm... tu sais, moi j'aime bien vivre seul. J'ai mes petites habitudes : Je mange à heures fixes. Je vérifie tout dans la maison avant d'aller me coucher, sinon je dors pas tranquille. J'attends que la nuit soit complètement noire avant d'alllumer la lumière pour pas gaspiller et puis je découpe les bons de réduction dans le journal tous les jours. Comment je ferais si on n'a qu'un journal pour trois ?
- Mais on te les laissera tes bons de réduction, t'en fais donc pas !
- Mmmmoui... on dit ça. Et puis après, on s'aperçoit que c'est quand même une sacrée source d'économies, ces bons de réduction, et on a vite-fait de changer d'avis.
- En parlant d'économies... tu penses à ce que t'économiserais en n'ayant qu'une colocation à payer ?
Cet argument avait fait pencher le fléau de la balance du côté oui, et Henry avait emménagé. Lui, ses bouquins, et ses petites manies.

Grands13

Le coeur de Melvin battait à trois cents à l'heure quand il se présenta au laboratoire scientifique pour demander à être réintégré. N'allait-on pas lui dire qu'il était trop vieux ? A 162 ans, ce serait quand même malheureux ! Mais dans cette société où il n'y en avait plus que pour la jeunesse, il était en droit de se poser la question.
Heureusement, son expérience du bricolage et sa connaissance de la pêche avaient joué en sa faveur et on lui avait tout de suite proposé un poste de manipulateur de trucs ratés. Un petit pas pour le génie qu'il était, mais un grand pas vers le futur élevage de cyborgs qu'il comptait entreprendre.

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Le travail d'Henry semblait avoir été taillé sur mesures -comme sa veste à carreaux- pour coller à sa personnalité : Il était gestionnaire de la qualité des rapports au Centre des affaires. Rien n'échappait à sa sagacité, pas une faute de frappe, pas une virgule de travers, pas la moindre faute d'accent. Quand l'heure de la retraite avait sonné, il n'avait pas cédé à l'appel des sirènes qui lui aurait permis de réaliser le désir qui le travaillait depuis son adolescence : Devenir un auteur à succès. Il était la clé de voûte de l'édifice sans laquelle tout le système économique serait à coup sûr compromis. Pouvait-il en son âme et conscience faire courir ce risque à la Nation ?
Je vous pose la question.

Grands15

La seule chose regrettable -et qu'il ne se privait pas de regretter- c'était ce polo à rayures que le big boss obligeait ses employés à porter pour donner une image dynamique de l'entreprise. Aux yeux d'Henry, il donnait surtout l'image d'un laisser-aller dommageable, reflétant un état d'esprit je m'en foutiste propre aux jeunes générations et allant à l'encontre des objectifs. Pour l'heure, il était plongé dans la vérification du rapport Wright et se désolait de n'y trouver aucune anomalie à signaler.

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- Bonsoir Henry ! Déjà plongé dans tes bouquins ? Qu'est ce que tu lis de si intéressant ? Tu préfèrerais pas venir profiter de la fraîcheur sous le porche avec moi ? Je t'apprendrais quelque chose. Quelque chose de formidable qui m'est personnellement arrivé.
- Pas le temps ! Je dois remettre ce rapport corrigé demain à la première heure.
- Dommage ! T'apprendras rien, du coup.
- Pour ce que ça m'intéresse...
- Comment tu pourrais savoir si ça t'intéresse ou pas, puisque tu sais pas de quoi je parle ? Faudrait voir à travailler ta logique, mon vieux !

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- Je me demande... je me demande si les légumes ont poussé au parc des Azalées. J'ai bien envie d'aller y faire un tour
- Ben vas-y, qu'est ce que t'attends ?
- C'est qu'il fait un peu sombre, tu crois pas ? J'attendrais bien le matin, mais je voudrais pas me faire avoir comme la dernière fois. J'avais trop attendu et tout avait été râtissé. Plus une pomme, plus une salade, plus un poivron, rien !
- Ecoute, t'y vas ou t'y vas pas, mais t'arrêtes de te poser des questions à haute voix. J'ai un travail sérieux à faire, moi ! J'ai besoin de calme, de sérénité, de silence !
- Je vais y aller finalement. Des légumes gratuits, c'est toujours bon à prendre. Peut-être que Bennie pourra nous en tirer quelque chose. Il est pas encore rentré Bennie ? On pourrait y aller ensemble. HENRY ! Je te pose une question : Il est rentré Bennie ?
- Tu vois bien que non !
- Bon ! Alors je vais y aller tout seul.
- C'est ça, vas-y ! Et pas dans une heure, vas-y maintenant! Plus t'attends, plus il fera sombre.

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Finalement, prendre des colocataires n'avait pas été une mauvaise affaire, se disait Bennie en rentrant de la superette où il était contrôleur des produits frais. Il y avait bien quelques petits inconvénients, mais trois fois rien à côté des avantages. Et quand il comparait sa vie actuelle à l'état dépressif où il était quand il avait retrouvé Melvin quelques semaines auparavant, il prenait toute la mesure de ces avantages. Melvin n'avait pas tort de le pousser à se remettre à la cuisine, il avait toujours aimé cuisiner et ça remontait de loin : Du jour où il avait réussi à cuire sa première brioche sur une petite cuisinière d'enfant que lui avaient offert ses parents. Le plaisir qu'il éprouvait quand il testait une nouvelle recette, c'était quand même pas négligeable. Bien sur, Loonie n'était plus là pour le complimenter, mais Melvin et Henry savaient apprécier les bons petits plats. Il allait peut-être se remettre à étudier de nouvelles recettes et qui sait ? Peut-être deviendrait-il une bibliothèque culinaire ambulante, son rêve de gosse.

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Commentaires
M
Comment ne pas s'attacher à ce trio de petits vieux !
L
Les dialogues sont dignes d'Audiard ! je les aime déjà ces petit vieux...
L
Bennie est mon grand-père préféré lol normal ma simette a épousé son fils Georges.
C
Bravo ! Tu as un réel talent pour l'écriture continue comme ça.
I
G-é-n-i-a-l! J'adore! Continue!<br /> <br /> Merci ;)
Les Sims de Fonsine
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